Ce soir, le Cully Jazz a l’honneur d’accueillir le talentueux batteur et compositeur Myele Manzanza. Originaire de Nouvelle-Zélande et maintenant basé à Londres, Myele a su développer un style unique, mêlant ses racines afrobeat à ses influences jazz, hip-hop et électroniques. Son dernier opus, «Crisis & Opportunity, Vol. 3 – Unfold», témoigne de son incroyable talent et de sa capacité à fusionner les genres musicaux. Notre journaliste de caveaux s’est entretenu avec lui, juste avant son concert à 21h, au Next Step.
Journaliste de caveaux : Salut Myele, merci de prendre le temps de me parler. Pour commencer, peux-tu me raconter ton parcours et comment tu as développé ton style unique en tant que batteur et compositeur ?
Myele : Ça ne me dérange pas du tout. Je suis originaire de Nouvelle-Zélande et je suis maintenant installé à Londres. Mon père, Sam Manzanza, est originaire du Congo et a été l’un des premiers à jouer et à populariser la musique africaine en Nouvelle-Zélande ; j’ai donc appris l’afrobeat, le highlife et les tambours africains plus traditionnels. Je suis tombé amoureux du jazz vers la fin de mon adolescence, et j’ai grandi à l’époque du hip-hop et de la musique électronique, ce qui fait que tout cela était dans l’air au moment où j’ai commencé à développer ma musique. J’ai toujours exploré la création musicale, la production et les rythmes, mais c’est en approchant la trentaine et grâce à mon ami Ross McHenry, bassiste et compositeur d’Adélaide, que j’ai pris la composition au sérieux. Excellent bassiste, son identité artistique repose sur la composition, contrairement à d’autres artistes. Son influence m’a poussé à considérer mes compositions comme bien plus que des supports pour mon jeu de batterie.
J’aimerais en savoir plus sur ton dernier album, «Crisis & Opportunity, Vol. 3 – Unfold» – c’est son nom. Comment est né ce projet et quelles étaient tes intentions en créant cet opus ?
«Crisis & Opportunity, Vol. 3 – Unfold» est une prolongation de mon amour pour la production électronique et la musique soul. Au départ, je voulais que cet album soit un album de house music instrumentale. Quelque chose de principalement destiné aux DJ dans les clubs. Mais au fur et à mesure du développement du projet, j’ai commencé à m’intéresser à ce que ma musique pouvait faire si elle pouvait accueillir des chanteurs et des histoires. J’ai finalement fait appel à d’excellents collaborateurs tels que Rosie Frater Taylor – que le public de Cully connaît peut-être pour l’avoir entendue en 2022 lors du Festival –, la légende britannique de la soul Omar, la chanteuse de jazz américaine China Moses, ainsi que des amis néo-zélandais comme Wallace et Rachel Fraser. Il s’agissait également d’une coproduction musicale avec mon ami Lewis Moody, qui se joindra à moi pour ma prestation au Cully Jazz.
L‘album présente une variété d’éléments qui ajoutent un ton très particulier à ta production et à tes instruments. Comment as-tu intégré ces éléments dans ta musique et qu’est-ce qu’ils apportent à l’ensemble de l’œuvre ?
Je pense que c’est surtout un processus d’essais et d’erreurs, et les années d’expérience que j’ai accumulées tout au long de ma carrière qui ont progressivement défini mes goûts, les sons que j’aime et les méthodes et techniques que j’ai tendance à employer pour faire de la musique. Par rapport aux autres albums que j’ai réalisés, les influences de la musique électronique, du hip-hop et de la house sont assez prédominantes ici, comme l’utilisation de batteries électroniques, de synthétiseurs, d’effets, ainsi que l’influence du jazz. Je considère que c’est une sorte d’extension naturelle de la musique que j’aime écouter et avec laquelle j’expérimente.
Tu as travaillé avec de nombreux artistes talentueux sur cet album – tu le disais : Lewis Moody, Josh Kelly, Omar (qui est venu chez nous au Next Step en 2017), Rosie Frater-Taylor ou Rachel Fraser. Comment as-tu choisi ces collaborations et comment leur présence a-t-elle façonné le son de ton nouvel opus ?
C’est une combinaison de ma propre vision de ce disque et du choix de personnalités que je savais capables de m’aider à la mettre en œuvre, ainsi que de beaucoup de coïncidences, de chance et de rencontres avec les bonnes personnes au bon moment. La réalisation de l’album est également le fruit d’une collaboration très étroite. Je voulais ces musiciennes et musiciens en grande partie pour leurs idées et leur créativité, mais aussi pour qu’ils interprètent mes idées. Donc, une fois que j’ai eu une idée vague de ce que je voulais faire, je suis entré dans la pièce avec eux et nous avons fait des essais jusqu’à ce que nous trouvions des trucs qui marchent.
Les textures rugueuses de synthétiseur, les changements d’accords poignants, les basses profondes et les percussions expressives sont des éléments distinctifs de «Crisis & Opportunity». Tu peux me parler de ton approche en matière de composition et de production pour créer cette combinaison singulière de sonorités ?
Une grande partie a été réalisée en collaboration avec Lewis Moody, qui, encore une fois, est un véritable magicien en matière de production et de programmation. Il maîtrise parfaitement l’harmonie du jazz et la technique du piano. Il est également très influencé par des producteurs comme Theo Parrish, Moodyman, Mark de Clive-Lowe, Kaidi Tatham, DJ Spinna. C’est une musique de danse qui croise le jazz et le mouvement avant-gardiste à sa manière. Et dans un sens plus large, elle s’inspire beaucoup de mon père et de l’influence qu’il a exercée sur moi et sur ma musique grâce aux rythmes africains.
Comment le troisième volume se compare-t-il aux volumes précédents de la série «Crisis & Opportunity» ? Quelle évolution musicale reflète-t-il dans ta carrière ?
Si le volume 1 était surtout un album de hard bop moderne et le volume 2 un album de beatmakers et d’improvisateurs, le troisième est très ancré dans la musique électronique et l’écriture de chansons. En ce qui concerne mon évolution musicale, je dirais que l’ensemble du projet «Crisis & Opportunity» est essentiellement un support pour exprimer mon amour, avec un large éventail de musiques et de processus. Et puis, il y a aussi un rejet du «genre» –en tant que limite à la façon dont un musicien peut s’exprimer.
Clairement. Et comment tu te prépares pour un spectacle – comme celui que tu donneras dans quelques heures au Cully Jazz? Qu’est-ce que tu espères apporter à cette expérience pour le public ?
Je suis vraiment excité à l’idée de ce concert. Je serai accompagné de Lewis Moody au clavier, de Matt Gedrych à la basse et de Zola Marcelle au chant. On a fait une super tournée au Royaume-Uni en mars et on a testé un spectacle très dynamique. Ce sera la première fois que nous jouerons cette musique en dehors du Royaume-Uni, alors je suis impatient de voir comment le public suisse l’accueillera.
Quels sont tes projets en matière de musique, de collaborations et de tournées? Peux-tu nous donner un aperçu de ce que tu prépares ?
Gardez vos oreilles ouvertes pour «Crisis & Opportunity Volume 4». Il sortira plus tard dans l’année. Et un petit EP furtif que nous sortirons un peu avant ça.
Et pour finir, qu’est-ce qu’on peut te souhaiter pour la suite – et ton concert, tout à l’heure, au Next Step ?
Vous pouvez peut-être me souhaiter… bonne chance (?). [Il rit] Et au plaisir de vous voir toutes et tous ce soir !
Myele, merci.
Les réponses de Myele Manzanza ont été traduites de l’anglais par nos soins, on espère être restés le plus fidèle à sa pensée.
Myele Manzanza trio se produira sur la scène du Next Step, le 15 avril 2023, à 21h.
La 40e édition du Cully Jazz Festival se déroule du 14 au 22 avril 2023.
Infos, billetterie et programme sur cullyjazz.ch/programme.