Le premier week-end de ce 36ème Cully Jazz Festival a régalé public et artistes. Coup d’œil furtif dans le rétroviseur et impressions à la sauvette avant une semaine de saine folie.
Catastrophe naturelle, l’état d’urgence est déclaré à Cully. Depuis vendredi, trois jours de pure folie se sont abattus sur la jolie bourgade des bords du Léman. Raz de marée d’ondes positives, inondations de bons sons, ouragans de sourires. Non, plus sérieusement: ce premier week-end de Festival a frôlé la perfection. En se promenant dans les ruelles, en flânant d’une scène à l’autre ou simplement en se prélassant au bord du lac, le constat était toujours le même: magique et magnifique. On ne va pas se le cacher, la météo radieuse a joué son rôle. Et on ne va pas s’en plaindre. Alors croisons les doigts pour ça dure.
Impossible de tenir une liste exhaustive de tous les moments de bonheur intense qui ont marqué le début de cette 36ème édition du Cully Jazz Festival. Vendredi, durant le concert de Jordan Rakei au Next Step, une jeune femme faisait part de son émotion. «J’en ai la culotte toute mouillée», confiait-elle. Un peu plus tard, à la sortie du Chapiteau, la bonne humeur se lisait sur les visages des nombreux festivaliers qui ont été régalés par Amadou et Mariam. Plus loin, des sonorités peu courantes à Cully provenaient du tHBBC. Le résident Louis Jucker accueillait ses potes de Coilguns pour ce qui pourrait bien être le premier concert de métal et les premiers pogos de l’histoire du festival (information à vérifier). «Ça envoyait sévère», reconnaît Antoine, barman dans ce caveau. Un contraste total avec ce que l’artiste, qui sera de retour dès jeudi, a proposé lors de ses autres sets, notamment samedi.
La deuxième journée de Festival, placée sous le signe de la détente, a été riche. La bal(l)ade musicale en Lavaux s’est achevée dans le village d’Epesses par le concert d’un trio composé de Francesco Geminiani, d’Arthur Hnatek et de Jérémy Bruyère. Le soleil, la vigne, le lac, les montagnes et du jazz: un spectacle qui évoquait l’explosion de joie qu’apporte le printemps dans ce petit coin de paradis inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco telle que Charles-Ferdinand Ramuz la décrivait dans son roman Le passage du poète. Les enfants se sont exercés au beatbox lors d’un atelier qui leur était réservé, alors que l’envie de partager un verre de vin en bonne compagnie régnait sur la terrasse Potterat où le trio de Marc Crofts a pris possession de l’une des nouvelles scènes Openjazz. On a admiré le coucher de soleil, grignoté une morse puis, pour certaines et certains, fait la fête toute la nuit.
«C’était une expérience inédite que de voir des gens danser la valse au Temple et carrément chanter tous ensemble «La Javanaise» de Gainsbourg», s’est réjoui Lucie, bénévole au Festival depuis 8 ans, peu après la fin du Bal Perdu dimanche. Les performances des Blind Boys of Alabama au Chapiteau et de Mélissa Laveaux au Next Step ont également livré leur lot d’émotions et de frissons, une vraie communion entre artistes et public. Les musiciens croisés ça et là pendant ces trois premiers jours ont fait part de leur plaisir de se retrouver à Cully. «Cela fait trois ans que je m’arrange pour jouer dans l’une ou l’autre des formations invitées au Festival, révèle Jérémy Bruyère, accompagné de sa contrebasse de 1910. Il y a quelque chose de spécial ici.» Une ambiance que confirme Zacharie Ksyk, un trompettiste de 25 ans: «pour nous, venir à Cully, c’est un peu comme d’aller en colonie de vacances parce que l’on sait qu’on va tous s’y retrouver.»
Alors oui, l’état d’urgence est déclaré: on a urgemment hâte de vous revoir dès lundi pour continuer à déguster tous ensemble cette 36ème édition du Cully Jazz Festival, le plus intime des grands festivals de jazz en Suisse.