On dirait que tout le monde a adoré le spectacle de Christophe Chassol. J’ai entendu tous les superlatifs à propos de sa performance au Next Step, ce dimanche soir. C’est vrai que j’ai passé un moment agréable en regardant/écoutant ce mélange de vidéo et musique live, mais ce show très bien ficelé m’a laissé un peu plus perplexe que les autres spectateurs.
J’ai mis un peu de temps à comprendre de quoi il en ressortait. Sur la scène, les deux musiciens aux claviers et à la batterie. Derrière, un écran avec des vidéos projetées. Les images, plutôt agréables à l’oeil, montrent tour à tour des personnes qui chantent créole et quelques scènes anecdotiques de la culture populaire des Caraïbes. Un beau coup de pub sur la Martinique pour Vaudois en mal d’exotisme.
En vain, j’essaye de comprendre le but de la performance en me disant que depuis les abstractions lyriques de Kandinsky, les arts visuels et la musique se sont de tout temps mutuellement inspirés. On pense rapidement aussi aux musiciens qui accompagnent les films muets, ou au vjing, qui se justifie quand il réussit à amplifier l’effet de la musique.
Chez Chassol, nous avons plutôt assisté à un faux dialogue trop bien rodé entre les deux médiums. Tout semble calculé au poil près. Même le sampling, dont on perçoit à peine les coupures, est lissé à l’extrême. Les musiciens se font mener par la bande-son de la vidéo et rajoutent par-ci, par-là quelques notes. À force d’avoir les yeux scotchés sur l’écran, j’en ai oublié ce qui se passe sur la scène. Comme si je regardais un film avec une bonne bande sonore. Là encore, rien de nouveau sous le soleil.
Le dispositif semble tout destiné à la génération incapable de se séparer de ses écrans que nous sommes. Dommage. Sommes-nous vraiment arrivés à un stade où les musiciens, même talentueux comme Christophe Chassol, ne se suffisent plus à eux-mêmes et doivent s’accompagner de jolies images pour qu’on vienne à leur concert? Je ne pense pas.