Jeudi soir, le trio Schuler/Müller/Hoppe est venu offrir un spectacle improvisé d’une grande surprise.
On ne sait pas si c’est à cause du burrito qu’elles et il viennent d’ingurgiter, mais, ce soir, les Alémaniques Schuler/Müller/Hoppe sont en grande forme. Comme emportés par le vent qui se lève sur le nouveau Jardin Potterat, respectivement Laura, Urs et Lisa jettent des notes étranges, presque venues d’un autre monde.
La télévision régionale est là. Pour la magie du direct, c’est elle qui dictera le début du concert. Cinq… Quatre… Trois… La journaliste, dans un schweizerdeutsch tout à fait approximatif, donne le décompte aux trois musiciens. Deux… Un… Le concert commence sur une note de violon qui n’est pas sans rappeler une sirène de pompier. Une note criarde qui laisse pantois.
Interview, scène de ménage et taillés aux greubons
Guillaume Potterat, le co-directeur du Cully Jazz Festival est à l’antenne. Il répond, sur fond de tocsin, dans une grande concentration, aux questions posées. Entre deux verres du domaine, le public s’extasie sur les taillés aux greubons proposés par un prestataire de la région.
D’un coup, le violon-sirène de Laura Schuler est rejoint par la guitare rieuse d’Urs Müller et la contrebasse apprêtée de Lisa Hoppe. L’improvisation aux débuts cacophoniques semble prendre une forme tout autre. Burlesque. Si vous avez déjà entendu une scène de ménage absurde dans un magasin d’ameublement un samedi après-midi de canicule, vous saurez de quoi l’on parle. Excellente. Parfois gênante. Mais, au fond, tout à fait plaisante.
Ça y est, Schuler est dans la place. En plus de caresser son violon, elle s’engage dans des vocalises qui nous rappellent les compositions énigmatiques de Danny Elfman. Un univers riche, curieux, vaporeux et travaillé. La météo aidera ce tableau à prendre forme. Les bambous du Jardin Potterat se penchent, emportés par le vent. «Mais sans jamais rompre», vous connaissez le dicton.
Improvisation, moult émotions et merveilles vermeilles
À Cully, on aime l’improvisation musicale. Et, ce soir, Laura Schuler, Urs Müller et Lisa Hoppe règnent en maîtres sur la discipline délicate. Un moment unique. Qui provoque moult émotions. Durant leurs deux représentations, jamais les musiciennes et musicien n’ont proposé des notes semblables. Une différence remarquée et remarquable.
Dans la nuit, merveilles sur ce plateau vermeil, Schuler/Müller/Hoppe s’effacent avec la grâce qui leur est propre. Le public, lui, grelottant, s’empresse de monter dans le train. Où les mènera-t-il? Comme pour les trois amis, on n’en saura point davantage. Et c’est peut-être ça la recette de cette soirée.
Le Cully Jazz Festival, en version estivale, se déroule du 20 au 29 août 2021.
Infos, billetterie et programme sur cullyjazz.ch.