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Laurent Méteau au Cully Jazz: improvisateur méticuleux

Pour le deuxième soir de cette édition estivale du Cully Jazz, le guitariste et bassiste Laurent Méteau est venu subjuguer le public de la nouvelle scène du Bordul.

«Quand un musicien installe deux batteries, c’est rarement pour faire dans la dentelle» lance un spectateur, le pas pressé en direction de l’une des trois nouvelles scènes du Festival, le Bordul. Le pari est pris. Ce samedi soir, Laurent Méteau y était. Deux fois. Les batteries aussi. Le public de Cully, lui, va et vient, écoute un peu, part un instant, revient soudain.

Véritable hyperactif, l’enfant de la Riviera vaudoise, désormais établi en Suisse alémanique, gratte, chante et compose au sein de nombreux projets depuis bientôt 15 ans. Des deux côtés de la Sarine, il s’émancipe d’un seul et unique style musical – concept suranné. Lorsqu’on ne le retrouve pas dans un train entre Lausanne et Zurich, Méteau joue des notes pop et des riffs rock psyché.

Vie bien rangée, concert imprévisible et carte blanche

Pour cette édition estivale du Cully Jazz, le guitariste tout-terrain a décidé de proposer une carte blanche, cent pour cent improvisée. «Il faut reconnaître que j’ai une vie plutôt bien rangée, alors pour moi l’improvisation, c’est une manière de quitter ma zone de confort», confie Laurent Méteau en sortie de scène. Une improvisation qu’il rend davantage imprévisible en réunissant Colin Vallon, Fred Bürki, Martial In-Albon et Clément Grin, quatre musiciens helvétiques qui n’ont jamais collaboré auparavant. «Clément, je l’ai rencontré pour la première fois aujourd’hui, au moment du soundcheck», s’amuse le Zurichois d’adoption.

Sur le plateau, à 19 heures et 21 heures, les harmonies du quintette d’un soir s’entremêlent au brouhaha des quais. Par instants, on sent une certaine hésitation, tant chez le public cuilléran que chez la formation d’un soir. On se tâte, on teste, on se questionne, on se demande si cela plaît et si tout va bien. Un instant unique, sans enregistrement, qui, selon Laurent Méteau, restera seulement dans les esprits.

Laurent Méteau était sur la nouvelle scène du Bordul samedi soir. © Michel Bertholet

Dissonance poétique, jazz précis et débat musical singulier

Les notes s’enchaînent sur la scène du Bordul. Jamais identiques. Toujours dissemblables. Un jazz précis et pointu se joue sous nos yeux et pour le grand plaisir des oreilles. Une dissonance structurée et poétique. Comme une osmose dans ce groupe qui ne se connaît pourtant que depuis quelques minutes. Ça coule de source, sur les bords du Léman. La guitare cherche, la première batterie répond, la deuxième s’excite, impose son avis. En débat musical singulier.

Les tableaux s’enchaînent, parfois longuement, parfois abruptement. Vingt minutes. Puis dix. Puis quinze. Puis cinq. Des minutes d’eurythmies fascinantes, questionnantes. Aucun doute: Laurent Méteau se sent chez lui, sur cette nouvelle scène. Lui qui a joué au Cully Jazz Festival «au moins cinq ou six fois». Ici, c’est sa maison. Il se souvient avoir, pendant longtemps, «harcelé» les programmatrices et programmateurs du Festival pour y jouer: «Le jour où j’ai arrêté de les solliciter, ce sont eux qui m’ont appelé», se souvient le multi-instrumentiste, le sourire dans la voix.

Au terme de ses deux sets, la composition se dissout soudain. Quoique. Semblant rester dans l’unité, les cinq amis profitent du lac, de la chaleur d’un été timide, du vin iconique et des gens, venus féliciter ce travail improvisé. On reprendra donc le pari de 19 heures: non, même si ce n’est pas nécessairement avec des décibels, Laurent Méteau, en attendant de sortir un EP avec son groupe Dynamo le 5 novembre, n’a pas fait dans la dentelle.


Le Cully Jazz Festival, en version estivale, se déroule du 20 au 29 août 2021.
Infos, billetterie et programme sur cullyjazz.ch.

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