M-A-L-O, bras de levier d’un Cully Jazz… estival

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Vendredi soir, le batteur vaudois Alberto Malo, entouré de cinq insiders talentueux, est venu ouvrir le Cully Jazz Estival et son fameux Next Step.

De bleu, de bleu, sur la scène du Next Step, on y voit que du bleu. Un bleu soutenu, qui accompagnera la scénographie dépouillée de cette première soirée du Cully Jazz Festival version estivale, placée sous la houlette du batteur vaudois Alberto Malo.

Habitué à performer seul, avec son projet M-A-L-O, le musicien s’est entouré, pour ce concert unique, de voix soul, un brin rap et carrément puissantes. Un espace grandiose laissé aux chanteurs Infinite Livez, Dr Koul et à la chanteuse Evita Koné. Du côté instrumental, on retrouve, en plus du maître de cérémonie, le claviériste Antoine Guénot et le bassiste Andrew Audiger. Un cocktail jazz-rap explosif.

Sextuor éphémère, rosé et notes vaporeuses

Dans la lumière des flashs de l’une des deux salles du Festival IN, on aperçoit, ici et là, des visages, joyeux, surpris. Des bouches béates, et surtout libérées de tout masque de protection – avantage d’un sésame sanitaire qui fait parler. Des spectateurs et spectatrices qui en redemandent, qui sifflent et applaudissent. Des sons que l’on avait presque oublié.

Le verbe sobre, le Vaudois lance quelques remerciements au micro et s’empare rapidement de son casque mono, avant de le visser sur son oreille pour la durée de ce qu’il qualifie lui-même de «création». Une création qui ne manque pas rapidement d’exploser.

Sur les notes vaporeuses du sextuor éphémère, en projection, là, derrière, comme fantomatiques, des bouts de bras, des morceaux de jambes, des têtes dansent, d’un mouvement lent et répété, aux tons orangés et rosés. En parlant de rosé, certains renversent leur verre à pied, comme happés par cette musique nouvelle. Plates excuses, nettoyage, «pas de soucis, pas de soucis» et l’écoute de ce concert envoutant reprend sans grande difficulté.

Superman, flow ragga et voix jazz

Phénoménal, aussi, le flow ragga du Berlinois Infinite Livez. Celui qui maîtrise, avec aisance, les loops en use et n’hésite pas à sampler sa voix écorchée. Ses dreads, longues et libres (peut-être l’inverse), laissent entrevoir, de temps à autre, un insigne de Superman, imprimé sur t-shirt, bleu lui aussi. Les Genevois Dr Koul et Evita Koné, eux, invités prestigieux du spectacle, se donnent également à cœur joie. Le premier, dont la tessiture et le phrasé rappellent un certain Eminem, balance ses textes incarnés. La deuxième, à la voix solide, jazzy et mélodieuse, incarne un r’n’b du bout du lac flamboyant.

21h50. Après plus d’une heure trente de concert, les artistes s’unissent pour un dernier chef-d’œuvre. Les frissons montent, les verres à pied sont désormais vides, le public se lève pour applaudir la composition du soir. Alberto Malo, semblant vouloir cacher une apparente pudeur, remercie la foule, ses camarades et le Festival. Pour celui qui sortait l’album «The Underdog» en 2020, au plein centre d’une étrange pandémie, semble, contrairement à ce qu’il laisse entendre, être le grand gagnant de cette soirée d’ouverture bleutée.


Le Cully Jazz Festival, en version estivale, se déroule du 20 au 29 août 2021.
Infos, billetterie et programme sur cullyjazz.ch.

Posté par Malick Reinhard
samedi 21 août 2021
Catégories
Compte-rendu, Programme