«Mais pourquoi n’exportez-vous pas votre vin?»

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Les trois membres de GoGo Penguin ont apprécié leur venue en Lavaux. Depuis le Boat Club Venoge, ils ont également admiré le bateau Simplon et les montagnes, mêmes si le ski n’est pas leur tasse de thé.

Quand on rencontre trois mecs qui ont étudié au Collège royal de musique du Nord, à Manchester, on se dit qu’on va peut-être – enfin! – pouvoir causer football avec des musiciens. Bah oui, la ville anglaise symbole de la révolution industrielle abrite tout de même deux des clubs – de foot donc, pas de musique – les plus riches du monde et qui font vibrer des millions d’enfants à travers le monde. Du coup, on trépignait d’impatience – et certainement vous aussi – de savoir si le cœur des membres de GoGo Penguin battait pour l’une ou l’autre de ces équipes, le United ou le City… Eh bien pas du tout. Plouf dans l’eau. Que pouic. Chou blanc. Pour Chris Illingworth, le pianiste, et Rob Turner, le batteur, ce sport semble un univers assez lointain et méconnu. Quant à Nick Blacka, le contrebassiste, il est certes fan de football. «Mais je suis originaire de Leeds, donc je supporte l’équipe de ma ville, le Leeds United, annonce tout sourire celui qui semble le plus boute-en-train des trois artistes. Et du coup, il n’est pas de bon ton de s’afficher ainsi à Manchester.»

 

On se dit alors qu’à l’instar de nombre de leurs compatriotes, dont des princes William et Harry, ils ont peut-être un penchant pour les sports d’hiver et les stations de ski helvétiques. «Je ne suis jamais allé skier, relève timidement Rob Turner, dans une introversion touchante qui contraste avec la majestuosité de son aisance derrière sa batterie. «Nous n’avons pas les mêmes moyens que la famille royale, se marre Nick Blacka. Mais j’aimerais bien essayer une fois.» Pour Chris Illingworth, apparemment le plus posé du trio, l’envie n’est pas vraiment la même. «J’ai entendu dire que l’une des blessures les plus courante en ski est de se casser un pouce, raconte le pianiste de GoGo Penguin. Je préfère ne pas prendre le risque de ne plus pouvoir jouer, ça serait un mauvais pari. Alors je préfère apprécier les montagnes pour leur paysage, en les regardant.» Et, faisant face au lac, il montre les Alpes de la main. Au même moment, le bateau Simplon arrive à Cully et active sa sirène: sursaut général et éclats de rire.

 

Le charme des lieux opère. «Ce n’est pas notre première venue en Suisse et les paysages sont toujours magnifiques, reprend Nick Blacka. La nourriture aussi est très bonne. Et le principal: le vin! Il est incroyable. Et je ne le savais pas avant de venir en Suisse. Mais pourquoi n’exportez-vous pas votre vin?» On lui explique donc que la production helvétique ne suffit pas à couvrir notre propre consommation nationale. «Alors vous avez raison de le garder jalousement pour vous», rigole le contrebassiste. Pour sa part, Chris Illingworth s’émerveille du lien entre le vin et le jazz qui s’est créé à Cully. «Je ne sais pas si c’est vrai, mais une femme avec qui j’ai parlé m’a raconté que le Festival est né de la volonté des vignerons de pouvoir ouvrir leurs caveaux afin de faire déguster leurs vins et de les vendre, indique le pianiste, très intrigué. Qu’au début, la musique était presque un prétexte, une sorte de festival du vin avec des groupes qui venaient y jouer. Et je trouve ça plutôt cool!»

 

Mais que GoGo Penguin se rassure: même si «le monde s’incline devant les vins vaudois», comme le disait un fameux slogan de 2015, le public accouru au Cully Jazz Festival jeudi soir est surtout venu pour les voir se produire au Chapiteau. Et ils ont dégusté leur concert jusqu’à la dernière goutte, comme en témoigne la standing ovation qui leur a été servie à la fin de leur concert.

 

Posté par Mirko Martino
vendredi 20 avril 2018
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