Culliéran, lithographe et MC, il s’expose pendant le Festival

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Cette année, un mobile occupe la galerie Davel 14. Simon Paccaud, l’un de ses deux auteurs, vit et travaille à Cully depuis 10 ans. Il explique son œuvre et raconte ses liens avec le Festival.

Un crochet fixé dans un plafond en bois foncé et des cordelettes nautiques rouges auxquelles sont suspendues des barres d’acier tordues et des formes de couleur découpées dans du contreplaqué: c’est la description, en quelques mots profanes, de l’une des œuvres d’art présentées cette année durant le Cully Jazz Festival par la galerie Davel 14, située à l’adresse éponyme. «Ce lieu est super beau mais déjà passablement chargé en boiseries, explique Simon Paccaud, l’un des deux artistes exposés. Ce n’est donc pas évident à prendre position à l’intérieur de cet endroit. Avec Guillaume Dénervaud, avec qui nous avons travaillé à quatre mains, nous avons mené une réflexion sur comment occuper cet espace. Et le mobile s’est imposé tout naturellement. Il s’agit donc d’une grosse peinture, qui devient une peinture déconstruite, qui elle-même devient un mobile qui se défragmente aussi et dont chaque pièce peut être vue comme une peinture en soi.»

 

Pour l’artiste de 32 ans, les œuvres créées pour l’occasion tirent aussi une part d’inspiration dans l’affiche du Festival, dont il connaît bien les deux auteures puisqu’il a fréquenté l’École cantonale d’art de Lausanne (ECAL) avec elles. «Il y a un lien avec leur travail en termes de formes, en termes de lignes, reconnait-il. J’aime beaucoup la montagne, le lac, la musique. Ces barres d’acier tordues peuvent faire penser à une partition de musique déconstruite en interprétation libre.» Cependant les teintes utilisées viennent d’ailleurs. «On ne voulait pas tomber dans la réinterprétation exacte des couleurs de l’affiche, raconte Simon Paccaud. On a gardé un code couleur qui nous correspond, qui est en lien avec les histoires qu’on a eues quand on avait entre 16 et 18 ans, avec les graffitis. Dans cet univers-là, le noir, le rouge et le blanc sont des couleurs très efficaces. Puis, assis dans l’herbe sous les marronniers au bord du lac ici à Cully, on s’est dit qu’une touche de vert avait aussi sa place.»

 

Le graffiti, un monde dans lequel le trentenaire s’est plongé depuis l’adolescence et qui lui a causé passablement de problèmes. Un monde dont le hip-hop est souvent la bande sonore. «Le hip-hop s’est beaucoup inspiré du jazz, notamment pour ses beats, confirme Simon Paccaud, casquette et survêtement Lacoste. Dans mon atelier, quand je crée, j’écoute principalement du hip-hop, mais également du jazz parfois. Par exemple, quand nous avons préparé les œuvres exposées ici, il y avait aussi un album d’Etta James sur notre playlist.» Celui qui est devenu responsable d’atelier de lithographie à l’ECAL a pas mal rappé en freestyle dans sa vie. «Je me suis exercé sur différents types de musique, aussi sur de l’électro, note-t-il. Mais jamais sur du jazz. Peut-être simplement parce que je respecte beaucoup trop cette musique.»

 

Depuis qu’il est venu s’installer dans la maison de son grand-père dans le vieux bourg de Cully, Simon Paccaud a eu le temps de tisser une relation spéciale avec le Festival, comme n’importe quel habitant des lieux. «C’est une période de l’année assez géniale, car il y a de l’animation dans le village, ça fait du bien, s’exclame-t-il. Puisque j’ai un petit jardin, là où la route de Vevey devient un goulet, j’en ai toujours profité pour organiser des fêtes en parallèle au Festival. La plupart du temps, elles prennent fin quand la police débarque à cause du bruit.» Si par le passé il accueillait des fêtes toute la semaine, il n’en a prévu qu’une seule cette année, le deuxième vendredi du Festival. Pas uniquement pour ses potes, mais ouverte à toutes et tous. «On verra bien à quelle heure on viendra nous éteindre la musique», se marre l’ancien enfant terrible.

Posté par Mirko Martino
jeudi 19 avril 2018
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