Alors qu’un crépuscule printanier enveloppait doucement Cully, la lumière baignait plus que jamais la scène du Next Step grâce au concert solaire de Christophe Chassol. Le pianiste français a fait souffler un vent de notes chaudes dans nos oreilles nous transportant dans un trip onirique à destination de la Martinique.
Big Sun, son dernier opus, est avant tout l’histoire d’un retour aux racines. Christophe Chassol s’offrant un voyage au centre de sa chair en y emmenant le public à la découverte des charmes insulaires. L’artiste a observé et filmé les gens de «son» île, tel un documentariste, pour en faire le récit sur grand écran à la manière d’un «muséaste». La performance tenant tant du long-métrage sonore que du concert visuel. Chants d’oiseaux, voix samplées, images saisies sur le vif et musique inspirée se font perpétuellement écho dans un montage savamment orchestré. Il en ressort une réalité sublimée.
Le séjour musical s’avère haletant, la partition frénétique. Les morceaux s’enchaînent comme les mots d’un Kerouac. Chassol nous emporte sans peine sur la route créole. Le défi était loin d’être gagné. Il aurait été si facile de trahir une culture si colorée et une langue à la musicalité naturellement exacerbée. Mais, en ethnologue du son, l’artiste a su parfaitement saisir la quintessence de ce peuple rendant au passage un vibrant hommage à sa famille.
Le moment fort du voyage restera sans nul doute celle de cette plongée dans l’extase du carnaval. Christophe Chassol et son batteur Mathieu Edouard entrent alors en transe, alors que les corps enfiévrés se déhanchent à l’écran. Et le concert de se terminer sur l’un des morceaux phares de l’album («Reich & Darwin»), avant un générique de fin à rendre l’assistance déjà nostalgique.