Basé depuis deux ans dans la capitale allemande, le Genevois Arthur Hnatek en fréquente volontiers ses hauts lieux de la techno. Une influence qui se ressent dans son nouveau projet solo.
Tout seul sur l’une des scènes du Cully Jazz Festival: c’est l’expérience inédite vécue samedi soir par Arthur Hnatek, pourtant un habitué des lieux. Entouré de quelques machines, outre sa batterie et ses baguettes, l’artiste âgé de 27 ans a présenté SWIMS au Schlagzeug. «C’est un nouveau projet solo», prévient le Genevois, qui décloisonne les styles musicaux en proposant un voyage dans l’univers de l’électro. «J’ai passé ma jeunesse et mon adolescence à écouter plutôt du jazz. J’ai découvert la musique électronique un peu plus tard, notamment en sortant, avec un aspect très festif.» Puis cela lui a très vite plu. «C’est un genre principalement rythmique et donc ça fait sens quand on est batteur, explique-t-il. J’en fais désormais depuis longtemps, un peu comme ça, un peu pour moi, sur mon ordinateur. Puis j’ai pensé que ce serait intéressant de proposer ça comme une sorte d’entre-deux, à mi-chemin entre dj-set et performance de batterie. «Et là, c’est la première fois que j’essaie de mettre en place une version live de ce genre de musique.»
Et quoi de mieux pour se plonger dans le monde de l’électro que de vivre dans l’une des villes références de ce genre musical? «Après avoir vécu aux États-Unis, ça fait deux ans que j’habite à Berlin», précise Arthur Hnatek. C’est vrai que c’est un bon endroit où découvrir cette scène-là.» Parmi les clubs qu’il fréquente dans la capitale allemande, il cite volontiers quelques hauts lieux de la techno comme le Ohm, le Berghain ou le Tresor. Des clubs où la clientèle consomme parfois des drogues. «Dans mon public à moi, dans les lieux où je joue, j’en vois assez rarement, poursuit le batteur. Par contre, ça m’arrive souvent d’être dans des contextes où des gens apprécient la musique différemment. C’est chouette comme chacun a son expérience personnelle d’une musique, de n’importe quelle musique. Il y a des personnes qui aiment bien se poser, fermer les yeux et rêver. D’autres qui décortiquent chaque détail. D’autres encore prennent des drogues pour faciliter leur expérience sensitive.»
Car le ressenti du public demeure important aux yeux d’Arthur Hnatek. «J’aimerais principalement transmettre un moment qui permet une multiplicité d’impressions, image-t-il. Je trouve assez bien de pouvoir proposer une musique qui peut être appréciée autant par des personnes qui analysent chaque sonorité et qui viennent après le concert poser des questions techniques que par d’autres qui me disent qu’elles n’y comprennent rien mais qu’elles ont adoré. Mon but est d’être capable de créer une musique qui provoque ces deux réactions-là, même si c’est parfois difficile.» Pour lui, le défi principal de la soirée résidait dans l’acoustique du lieu, puisque les sonorités proposées par SWIMS sont plus adaptées à un club qu’à un caveau, devenu cave à jazz pour l’occasion. Opération apparemment réussie auprès du public, puisque le Schlagzeug a fait le plein et apprécié sa performance. Celles et ceux qui aiment l’électro-jazz se donneront rendez-vous au même endroit dimanche avec le sextet de Francesco Geminiani, auquel participe également Arthur Hnatek.