C’est à Simon Gerber que le THBBC a offert sa résidence cette année. Une aubaine que le guitariste et chanteur jurassien, membre du groupe de Sophie Hunger, a décidé de partager avec une complice de longue date, la chanteuse de gospel Sophie Noir. Ensemble ils mêlent leurs voix entre reprises de son répertoire à lui et standards de la «black music» des années 1950-70. Avant d’entamer leur deuxième week-end au caveau, ils ont pris le temps de nous livrer leurs impressions à l’heure de l’apéro. Ils évoquent les racines de cette collaboration en gestation depuis longtemps.
Quelles sont vos impressions à mi-parcours de cette résidence?
Simon Gerber: On est enchanté! Cela dépasse nos attentes. Voilà 7 ans qu’on en a parlé avec Nicolas (le propriétaire des lieux) pour la première fois. C’est rare et précieux de bénéficier d’une telle carte blanche en Suisse. On peut ainsi disposer d’un lieu, de temps et d’un public pour rôder une création. Aux Etats-Unis, il est beaucoup plus courant d’avoir la chance d’occuper une scène durant une semaine.
S.G.: J’ai réfléchi un moment à ce que j’allais faire de cette opportunité. J’ai pensé monter quelque chose avec Colin Vallon, qui est un ami. Mais, inviter Sophie s’est finalement révélé comme une évidence. On se connaît depuis 20 ans, mais on n’a jamais trouvé le temps de travailler sur un long projet ensemble. C’était donc l’occasion à saisir.
Sophie Noir: On s’est posé plein de questions au départ. Est-ce que c’était juste un trip entre nous? Le public allait-il adhérer au projet? Les premiers retours nous donnent confiance pour la suite.
Vos univers semblent pourtant très différents (Simon chante en français et Sophie en anglais). Comment parvenez-vous à les faire cohabiter?
S.G.: Nos racines sont les mêmes. On partage tous les deux ce goût pour la «black music». Si je chante en français, c’est uniquement parce que c’est ma langue maternelle. La chanson française ne fait pas vraiment partie de ma culture musicale. Dans le fond, j’ai toujours été animé par la soul et le rhythm and blues. Ce sont des musiques décomplexées, totalement libres, qui me font hérisser les poils.
S.N.: Je n’ai pas d’histoire particulière avec la «black music». Mes parents n’écoutaient pas particulièrement de soul par exemple. Mais, c’est celle qui m’a toujours inspirée depuis que ma sœur est revenue avec une cassette du titre « Summertime » à la maison quand j’avais 15 ans.
Chanter en français n’est-il pas un peu en contradiction avec la pratique de la « black music »?
S.N. Simon parle d’essayer, mais selon moi il a vraiment réussi à faire de la soul en français. Pour ma part, j’ai écrit quelques textes en français, mais je n’ai jamais eu le courage de les chanter. L’anglais a un côté libérateur. En revanche, j’adore interpréter les compositions des autres, en particulier celles de Simon.
Cette collaboration va-t-elle connaître une suite?
S.N. Bien sûr, ce n’est que le début! On prévoit l’enregistrement d’un disque. Ma sœur a aussi réalisé des images de notre premier week-end ici. On sortira donc bientôt un clip vidéo. Mais, on se réjouit d’abord de notre deuxième week-end ici au Cully Jazz.