Christophe Calpini vient de passer 10 jours en résidence au THBBC. La présence du génial batteur protéiforme vaudois au festival cette année n’est pas tout à fait un hasard. C’est lui qui avait inauguré le caveau il y a 10 ans déjà. L’occasion d’évoquer le long parcours artistique de ce stakhanoviste, comme il aime à se définir lui-même, et son insatiable passion pour la musique, qui se nourrit avant tout de rencontres.
Comment se sont passés ces 10 jours de résidence au THBBC?
On était logé dans un superbe appartement, l’équipement sonore était très bon et on a senti que le public avait envie d’être là. Cela change un peu de ma première venue ici pour l’inauguration. On avait joué à même le sol sur le gravier avec une seule sono. Mais, Nicolas et Gilliane (ndlr. les propriétaires et animateurs des lieux) aiment la musique, donc on a toujours été bien accueilli. C’est vraiment l’endroit où il faut être à Cully.
Le principe de cette résidence était d’inviter différents musiciens à te rejoindre sur scène. Comment les as-tu choisis?
Ce sont tous des artistes avec lesquels je collabore au sein de différents projets en ce moment. Avec Stade (ndlr. le duo qu’il a cofondé avec le jazzman Pierre Audétat), on a toujours eu l’habitude d’inviter des guests. Il y a des rencontres qui se font et qui débouchent ensuite sur des collaborations.
Les rapports humains semblent essentiels dans ton approche de la musique?
Dans une collaboration, chacun fait un bout de chemin vers l’autre. Ce qu’il y a d’intéressant dans l’improvisation, c’est la nécessité d’écouter l’autre. L’entrelacement de sons me fascine davantage que de jouer de mon propre instrument. L’instrumentiste en tant que tel ne m’intéresse pas. Le propos doit primer sur la prouesse.
Certaines collaborations se sont-elles mal passées?
Bien sûr! Quand tu sens que cela ne fonctionne pas, il vaut mieux arrêter et accepter qu’il y a eu une erreur de casting. Mais, ce n’est pas grave. N’oublions pas que tout cela reste du divertissement. Faire le ménestrel est un luxe.
En parlant de luxe, parmi les nombreux artistes avec qui tu as collaboré on trouve un certain Alain Bashung. Peux-tu nous en dire quelques mots?
Je garde en mémoire le souvenir d’un homme très touchant humainement parlant. Il nous a laissé uniquement ses voix et nous devions composer à partir d’elles. C’était une expérience à la fois fantastique et inquiétante.
Y a-t-il un autre grand nom de la musique avec lequel tu rêverais de collaborer un jour?
Non, pas vraiment. (Il réfléchit). J’aime beaucoup Björk, c’est vrai. Mais, les Suisses sont très bien. Il y a un extraordinaire vivier ici. Et puis il faut bien que quelques-uns d’entre nous restent au pays.
N’as-tu donc jamais eu envie de partir à l’étranger?
Avec Pierre Audétat on a songé aller à Berlin ou à Paris. Mais, la concurrence y est beaucoup plus rude. Tu dois te battre en permanence. En Suisse on vit mieux, c’est plus calme.
Tu as déjà une riche carrière derrière toi et pourtant ton envie paraît intact. Quel est le secret?
Faire de la musique, c’est comme partir en randonnée. Il peut soudain pleuvoir ou neiger. Il se passera toujours quelque chose. Un son amène à un autre son et il en ressort une nouvelle partition à chaque fois. J’ai donc encore des milliards de choses à découvrir.