Sous le piano d’Emily Loizeau

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J’aime le lundi soir. Le festival prend son rythme de croisière, après les folies du weekend. Il y a un peu moins de monde et on sent que les gens qui sont là sont venus avant tout pour la musique et les artistes. Ça n’empêche évidemment pas de prendre l’apéro au bord de l’eau et de profiter du coucher de soleil violet avant de s’en mettre plein les oreilles.

Valérie June aussi aime l’apéro. Elle l’a annoncé durant son sound check au chapiteau. Ce n’est pas tombé dans l’oreille de sourd. Les cowboys de l’économat se sont empressés de l’accueillir avant sa grande entrée en scène et de dégainer des verres de blanc. A leur grand désarroi et notre étonnement, elle a trouvé le chasselas « too sweet ».

Toute seule avec son banjo ou accompagnée de ses musiciens à la batterie et à la basse, elle nous a montré un petit bout du Tennessee, tantôt enchanteur, tantôt mélancolique. Cette grande dame du bluegrass en devenir, à la voix si particulière, a fini de conquérir le public quand elle lui a dit son intention de rentrer chez elle avec notre petit pinot noir local.

Mais ce dont j’avais vraiment envie, c’était d’écouter des beaux textes, bien calée sur une chaise. Intime Emily annonçait le programme. A voir la foule remplissant le Temple, ça risquait d’être un peu difficile. C’est sans compter sur Emily Loizeau, qui a décidé de faire venir le public jusque dans le chœur, en toute simplicité. Pieds nus, avec le regard franc, sa voix douce et pleine de malice captive toutes les oreilles. Tant pis pour le siège, mais c’est plus excitant de profiter d’un concert à un mètre des artistes. Sans avoir l’air chauvin, ça fait aussi du bien d’entendre un peu de français pour une fois.

Accompagnée de son complice, qui nous donne la preuve que le violoncelle est tout aussi, voire plus, jazzy que sa grande sœur la contrebasse, Emily Loizeau chante des tranches de vie de tous les jours, en les emballant avec la bonne dose de tendresse ou d’humour. Sans aucun doute. Ça sonne juste. Le public averti entonne les mélodies avec elle. C’est un peu comme une grande fête de famille avec des cousins qu’on a pas vu depuis longtemps. Un de ces moments d’on on veut savourer chaque instant car on sent que l’on ne les revivra pas de si tôt.

 

Posté par Bureau
mardi 8 avril 2014
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