Après ces dix jours en musique, je me suis rappelé que Cully fut sans doute ma première expérience de festival. A l’époque, j’étais encore une ado et je découvrais avec régal la liberté des soirées entre potes.
Certes, les garçons du staff me faisaient plus d’effet que le blues, surtout quand ils nous faisaient rentrer en douce au IN. La plupart du temps, on dégustait des Blanches sorties du sac sur le quai, pour profiter du live du chapiteau sans dépenser tout notre argent de poche. On préférait le garder pour les gaufres. Ensuite, on papillonnait de caveau en caveau jusqu’au dernier train qu’il ne fallait surtout pas rater, sous peine de « grounding ». C’était bien avant les billets électroniques et les smartphones qu’on lève au-dessus de la foule pour archiver chaque épisode de liesse.
Le Cully Jazz attire toujours des centaines de jeunots et, petit à petit, leur apprend les bonnes manières de festivaliers: acheter ses consommations sur place pour soutenir le festival OFF, se poser durant un set entier pour se laisser surprendre par les artistes, écouter vraiment les musiciens sans échanger les derniers potins et profiter des navettes pour rentrer. Ils reviendront d’année en année à mesure que leurs goûts musicaux s’affineront et prendront l’habitude de pardonner la météo incertaine.
Naturellement, plusieurs rejoindront la grande famille du staff, même sur le tard, et découvriront d’autres facettes du festival et les afters avec les artistes. Pour les autres, ce lieu permettra toujours d’échanger les dernières nouvelles au détour d’une ruelle avec les amis d’avant, de déguster des gaufres entre deux concerts et de faire le grand écart entre les styles, comme le klezmer-hiphop d’Abraham Inc., le son pur des sept contrebasses ou le blues de Habib Koité et Eric Bibb.
Encore bravo à tous les programmateurs pour cette riche mouture 2013 et un grand merci à l’équipe du blog de m’avoir fait confiance en me donnant carte blanche pour partager mes impressions tout au long de cette édition.