Le nez dans les guitares

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Jusqu’à l’année dernière, il n’y avait pas de caveau pour faire honneur au jazz manouche. C’est chose faite avec le Boat Club Venoge, nouveauté remarquée de la 30ème édition. Il est de retour cette année pour de plus belles soirées swing.

Contrairement à ce que le nom « Boat Club » pourrait faire croire, le lieu est sans chichi. On se trouve plutôt dans le carré des matelots que dans celui des officiers. Ouf ! Il n’empêche que passer une soirée sur le Venoge se mérite. Première étape: le trouver. Seuls les aventuriers qui bravent la bise sur les quais jusque derrière le chapiteau sont récompensés. La passerelle traversée, Il faut encore descendre l’échelle pour se retrouver dans la cale au niveau du lac. Claustrophobes et géants s’abstenir: le plafond est bas. Ce n’est pas très grand et on s’entasse les uns sur les autres. Quelques objets kitch évoquent le large. Heureusement, le blanc de chez Potterat, servi par les filles du staff qui ont troqué le survet’ réglementaire contre de jolies vestes à rayures marines, nous ramène illico sur les bords du Léman.

Plusieurs personnes abandonnent ici et font mine de remonter sur le pont. Les notes qui résonnent sur les parois métalliques nous rappellent que le clou du spectacle se trouve au-delà de la petite foule. Alors, tous les coups sont permis pour passer le sas qui mène à la deuxième salle. La détermination finit par payer. De l’autre côté, c’est toujours le coude à coude, mais on aperçoit les ombres des guitares et de la contrebasse sur les murs. La musique s’arrête pour nous donner le temps de nous serrer  sur la petite banquette, puis les musiciens reviennent après quelques mots échangés avec des passionnés. Certains s’installent par terre à la bonne franquette. Sous le poster d’un Corto Maltese rêveur avec des mouettes, on est à moins d’un mètre des valaisans de Swing Maniak qui entonnent déjà du Django Reinhart.

Au fond de cette cale, les guitaristes ont juste assez d’espace pour jouer. La magie opère et petit à petit on voit le public se pencher gentiment en avant, comme aspiré par la musique. Chaque coup de maître déclenche dans l’assemblée des applaudissements et des « Bravo! » encourageants. . Greg Pittet, Nicolas Fardel et Samuel Pont n’hésitent pas à jouer leurs morceaux préférés pour nous faire (re)découvrir Stochalo Rosenberg ou le meilleur de la chanson française. On se surprend à chantonner sur les airs des Copains d’abord.

Par le velux, on aperçoit les grands peupliers de la Place d’armes qui se balancent dans le froid. Une silhouette de capitaine, emmitouflée dans son caban, gigne depuis le pont. Peu importe le vent du nord. Ici, en bas, l’atmosphère se réchauffe à la mesure des doigts qui grattent les cordes.

Vous pourrez vous réchauffer dans la cale du caveau flottant dès jeudi soir avec Viperswing, puis vendredi avec 36 Rue du Swing et enfin samedi avec Les Manchots.

 

Posté par Bureau
jeudi 11 avril 2013
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