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Le monde du blues rencontre Cully

Changement d’ambiance lundi soir au Next Step, avec Habib Koité et Eric Bibb qui ont partagé leurs guitares et leur complicité avec le public.

La salle et le balcon se sont parés de chaises pour ce deuxième concert complet de la semaine. La scène presque vide rappelle qu’en musique, comme partout, le trop est souvent l’ennemi du bien: trois chaises et trois micros, un banjo, deux portes-guitare, et, pour donner le ton, une table recouverte d’un tissu wax sur laquelle sont posés calebasse et djembé. Les artistes arrivent. Comme sur la pochette de l’album, Habib Koité et sa guitare électrique à gauche. Eric Bibb et sa guitare sèche à droite. Un peu en retrait, Mamadou Kone, caresse ses percussions africaines en souriant du début à la fin.

On ne brûle pas les étapes et on commence par les présentations. Le New-yorkais Eric Bibb nous offre un solo de blues qui nous fait remonter le Mississipi. Puis, Habib Koité prend son micro et on retrouve tout de suite nos souvenirs du bac qui traverse le Niger pour aller à Djenné voir la grande mosquée et les marabouts. Voilà. C’est parti pour un voyage en grand écart entre les plaines du Mali, la Virginie, Los Angeles, Tombouctou, avec Bamako comme point de ralliement. Chaque morceau est lié à un lieu, à une rencontre.

Quelques préoccupations sur l’avenir du monde ou de la musique s’invitent au détour d’un texte ou d’une anectode. « If you think of something long enough and don’t let go, it manifests. » (Si tu réfléchis longtemps à quelque chose et que tu n’abandonnes pas, cela finit par se manifester) veut nous faire croire Eric Bibb. Ce soir, voyager, écrire, jouer et vivre sont synonymes, sans discontinuité. Les instruments ne font qu’un et leurs interprètes se considèrent comme des passeurs: « On my way to Bamako, I picked up my guitar and this song was waiting for me. » (Sur le chemin de Bamako, j’ai pris ma guitare et ce morceau m’attendait.)

Le blues américain et les notes bleues du Sahel se mélangent vraiment superbement grâce à ces deux frères qui mettent en musique les petits riens qui croisent leur chemin. D’ailleurs, ici, on est à la maison, comme le rappelle Habib : « Sur scène on est assis, vous êtes aussi assis, mais on est plus haut, alors on a l’autorité! » On resterait bien là jusqu’au bout de la nuit pour s’imprégner de leur sagesse toute douce.

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