Berne, cette antichambre de Cully

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C’est plus vraiment une nouveauté: les concerts organisés par le Bee-Flat, sis dans la somptueuse Turnhalle du PROGR au sein de la capitale, sont hautement recommandables. Si un jour vous vous retrouvez en détresse au milieu de la Berne fédérale, il y aura là-bas toujours quelques notes de jazz pour vous accueillir et vous faire oublier que vous ne comprenez pas un mot de ce que racontent les gens à moins de 2 heures de train de chez vous.

Pas plus tard que ces deux dernières semaines, le club bernois a accueilli deux artistes qui sont à l’affiche du Festival de cette année: le pianiste finlandais Iiro Rantala et le quatuor à cordes Barbouze de chez Fior. On y était !

Iiro Rantala était seul. À Cully, il sera accompagné de deux cordes, huit en fait, un violoniste et un violoncelliste. Mais là, il s’est risqué à cet exercice angoissant de se retrouver seul face au public avec son instrument.
Sauf que le mot « angoissant » ne fait pas partie du vocabulaire du finlandais. Après un petit Bach pour se mettre en doigts, le voilà qui part dans un speech de bienvenue qui sonne comme si il jouait en famille pour le réveillon de Noël. Une décontraction qui fait du bien et qui brise la glace immédiatement, et qui lui permet de livrer deux sets dans une ambiance ludique et cosy.
Il joue l’Histoire du jazz, son histoire du jazz, de Bach (comme il l’explique longuement, premier musicien de jazz selon lui) à E.S.T, en passant par toutes les mouvances qui ont façonné la musique du XXème siècle. Une performance époustouflante, un véritable tour de force au sens propre du terme, puisque le monsieur dispose d’une puissance de frappe étonnante, qu’il transforme magnifiquement en un lyrisme irréprochable.
D’après les quelques mots échangés avec lui après le concert, il trépigne d’impatience de pouvoir rajouter le chapitre « acoustique dans un Temple avec deux comparses aux cordes » à son histoire personnelle déjà riche.
Le concept sera donc le même: revisiter une histoire du jazz subjective et jalonnée de surprises, simplement avec d’autres moyens et d’autres mesures, on l’espère amplifiés par le contexte et le lieu. Vous y serez ?

Iiro Rantala seul sur la scène de la Turnhalle à Berne

Une semaine plus tard, même endroit, même scène: les quatre dames qui constituent Barbouze de chez Fior s’y produisent pour la première fois au-delà du Röstigraben sous leurs nom et projet propre: La Poule au Pot, album auquel on ajouterait presque la particule -concept.
Théâtralité, sobriété. Deux axes sur lesquels la mise en scène est basée: les musicienne endossent leurs tabliers en montant sur les planches, qu’elle ne quitteront qu’à la fin du concert. Jeux collectifs sur un violoncelle transformé en plateforme ultrasensible qui capte le moindre murmure, en résonance avec de jouissives envolées en pizzicati. La formule fonctionne à merveille, sans même avoir besoin, au contraire de Iiro Rantala, d’en rajouter par la parole entre chaque morceau. Ici, tout est joué, donc tout est dit: la largueur de la tessiture couverte par deux violons, un violoncelle et un alto a fait ses preuves depuis des siècles. Quelques touches d’électronique bien senties viennent donner un aspect plus garni et gourmand au tout. Efficace, convainquant ! La joie de la musique se communique à la perfection, jusqu’au rappel en clin d’oeil, traditionnel youtzé en dialecte tessinois, joyeux mélange à la gloire de la méclette culturelle qu’est notre beau pays.
Ici aussi, les confessions post-concert sont unanimes: impatience et réjouissance de tester la recette de la Poule au Pot au sein des pierres du Temple. Et je me suis même laissé dire qu’il y aurait du nouveau au répertoire… À bon entendeur. À dans deux semaines, mesdames !

Barbouze de chez Fior - "La Poule au Pot" (DR)

Posté par Bureau
jeudi 21 mars 2013
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