Jeudi 26 août: les vieux potes et des bons souvenirs
On va tout de suite me renvoyer à l’incipit de ce reportage et me reprocher d’être douillet et casanier, mais honnêtement le lendemain c’est beaucoup mieux. Le premier groupe c’est Parrallels, le projet du saxophoniste gnevois Nicolas Masson, parti se faire du bien pour quelques années dans la Grande Pomme. Et devinez qui, devinez quoi. Le rhodes est tenu par un certain Colin Vallon, la basse (fermement) par un certain Patrice Moret, et derrière les fûts, un rouquin inconnu notoire qui répond au nom mystérieux de Lionel Friedli. La famille, quoi. En plus d’y connaître du monde, j’avais un point de comparaison pour ce groupe: vu quelques mois plus tôt à Berne, j’en gardais un goût aigre-doux de pas net et de trop compliqué. Je me préparais donc à mobiliser de manière plus efficace mes neurones du régiment free jazz pour être plus réceptif que la veille, mais je n’ai même pas eu à me donner cette peine. La faute peut-être à la durée amoindrie du set présent en comparaison avec la longue prestation déjà vue, ça groove mieux et j’y vois immédiatement plus de cohérence: le pied. Simplement, j’ai le problème inverse qui vient se poser alors que je médite un peu tout ça: derrière Nicolas Masson, un trio avec rhodes et Patrice au milieu, ça me rappelle furieusement quelque chose (indice: on y boit du blanc et on n’y sert pas de bières); un trio avec rhodes et Colin Vallon derrière, ça me rappelle furieusement quelque chose (quoi vous ne connaissez pas Contreband ? Malheur !); une formation avec Lionel Friedli derrière les fûts et un saxo parfois bien énervé devant, ça me rappelle furieusement quelque chose (suivez mon regard vers Bienne). Du coup, mon jugement jongle un peu dans la jungle jubilatoire de tous ces jeunes qui jouent, et je peine à avoir une oreille objective. Comment ? On s’en fout ? Ok, alors j’ai adoré, c’est tout. Même si ça s’est un tout petit peu essoufflé sur la fin, je donnerais tout pour voir Lionel jouer avec les mains.
D’ailleurs, si on s’en tient à la batterie, la transition avec le deuxième groupe de la soirée est assez pénible. Meshell Ndegeocello a recruté dans les clubs de boxe pour trouver son batteur, et ce dernier n’a pas de baguette entre les mains mais des bûches. Afin de se prévenir de tout dommage engendré par les copeaux découpés à l’aide de son instrument, il porte des gants. La variation de volume est une notion qui lui est inconnue, et le dBmètre qui se situe juste en-dessus de la scène est parti boire une bière en attendant que ça se calme. À part ça, chouette concert. Niveau compositions on est quelque part entre Prince et Björk (mon pougnon s’appelle Carine Zuber et est assis à côté de moi), et les fins de morceaux sont volontairement incertaines et chaotiques. Ça me plait, c’est juste histoire de rappeler que la musique reste un immense chantier, une matière à travailler et à remettre en question encore et encore. Comme elle le fait depuis une bonne vingtaine d’années, Meshell, d’ailleurs. J’étais en manque de structures carrées, là c’est bon merci, plus besoin de dessert, je suis calé.
Comments are closed.