Dimanche 29 août: La création et l’apocalypse
Le soleil a refait son apparition, on a brunché en plein air. Dernier regain d’énergie avant d’attaquer cette dernière paire de concerts et de revenir à la réalité, celle qui se cache derrière les collines qui entourent le bled.
Début d’après-midi, fréquentation dominicale à la hausse. J’en ai pas parlé jusqu’à présent, mais niveau chiffres et remplissage, c’était pas vraiment ça cette année. Ça n’a pas l’air d’inquiéter outre mesure les têtes pensantes de la manifestation (mes sources sont les papiers locaux), moi ça me faisait quand même grimacer chaque fois que j’entrais dans cette salle remplie péniblement jusqu’à la régie. Peu importe, on peut toujours se dire qu’à la quantité on garde la qualité, et pour ça Willisau c’est vrai que c’est pas mal du tout (mais quand même pas mieux que Cully, pas déconner).
L’histoire s’appelle The Lucerne Chicago Connection, et comme son nom l’indique bien, il s’agit d’un jumelage des deux villes et de leurs musiciens respectifs. Ils sont six, trois de chaque côté, et ils ont travaillé sous forme de création. Ils sont jeunes, et exactement la même critique que pour le premier soir me vient en tête. N’y allons pas par quatre chemins… L’équipe a visiblement eu peu de temps pour peaufiner, alors on fait au plus efficace: on pompe trois ou quatre riffs efficaces au fond d’une bouteille de gin qui formeront l’essentiel des moments intéressant du set, mais comme ça fait jamais une heure et quart, on remplit le septante pour cent du temps restant par du bruitisme expérimental qu’on pourra toujours essayer de faire passer sous l’étiquette free. Là où mes nerfs ont particulièrement souffert, c’est que dans l’affaire il y a de nouveau une vocaliste, et que malgré le fait qu’elle chante certainement très bien elle préfère utiliser son énergie à se la jouer « je baille je rote je m’étire je miaule je grince je vomis ou je joue au ouistiti », histoire de faire intéressant plutôt que beau. J’ai eu de la peine un mercredi soir, je vous raconte pas un dimanche après-midi. Mais comme j’ai eu l’excellente idée de me mettre au deuxième rang tout devant, je suis piégé.
Le festival se termine sur… une annulation. Little Woman, combo new-yorkais qui avait pourtant tout pour me plaire et dont je me réjouissait d’avance, ne viendra pas. Vagues souvenirs… Sauf qu’ici, la raison n’est pas volcanique mais médicale: un pouce cassé brise toute chance pour un saxophoniste d’effectuer son travail correctement. Cette coquille nous laisse cependant l’occasion de constater que Arno Troxler a déjà tout d’un grand programmateur, puisqu’il a trouvé une solution de secours, et pas seulement en recrutant des potes de l’école de jazz: l’ersatz s’appelle Zs, vient également de New York, et endosse la tâche d’achever le festival. Et achever, c’est un terme de choix. Comme j’ai cru que personne ne me croirait jamais quand j’essayerais de décrire ce concert par des paroles ou des mots, j’ai filmé deux minutes au milieu des 45 ininterrompues. A voir ci-dessus.
La moitié de la salle se vide. Des gens crient sur le staff pour récupérer leur argent. Vagues souvenirs… Chapeau, Willisau !