Lundi, 23:45

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Moui donc. Je le disais, samedi a été une soirée étrange. Le trou intersidéral laissé béant par l’absence de Ribot (ils m’ont donné un pédalo, mais je me suis fait arrêter par les gnevois en passant les écluses) a été comblé dans l’urgence et comme on a pu. Le résultat ? Une soirée décousue, assez peu cohérente, magnifique malgré tout. Pourquoi ? Parce qu’en dents de scie, un peu à l’image de l’entier du festival. Mais ça m’a énormément plu, parce que cette soirée a posé un grand nombre de questions à laquelle nous avons du répondre, et auxquelles le public n’a pas pu éviter de devoir se confronter. Je sais, je sais, mon esprit d’universitaire de merde ne se refera pas, tant pis, fonçons tête baissée et tentons de vagues clés de lectures.

— Critique de la première partie de la soirée retirée de cet article —

Allez, l’antidote s’appelle Lucien Dubuis. Pas de tromperie sur l’étiquette pour son trio, simplement ce grand vide laissé par le quatrième élément resté dans les cendres, qui aurait tant pu donner sur scène le liant qui fait d’Utime Cosmos le plus bel album jazz de 2009. Alors nos trois gaillards foncent tête baissée et attaquent un set difficile, comme si de rien n’était. Les cinq premiers rangs n’ont plus de tympan, Friedli martelle à tout va. Concert sous forme de fuite en avant. Humour grinçant, décapant, comme d’habitude. Et cette joie indescriptible qui me prend quand je réalise que les gens ne cessent d’affluer et que les applaudissements se font de plus en plus touffus au fil du set. Et la demi-molle me prend en même temps que la demi-standing ovation finale. C’est sauvé ! Les larmes me montent aux yeux sur « Do you know the way to my home », rappel que j’attendais depuis deux mois.

Cerise sur le gâteau, gâterie pour se faire pardonner, même si c’est un non-sens de le penser: Sylvain Luc nous offre la gratuité et un concert de clôture, seul, lui, sa gratte et son ampli. Le chapiteau est à moitié vide. Le public a tout donné, le staff aussi. Je suis déjà perdu dans les rangements des caveaux.

Nous voilà rendus. Plus que jamais, et puisque cette année ça m’a aussi concerné directement, je voudrais vous remercier du fond du coeur, vous, le public de Cully, notre public. Parce que nul part au monde on a vu une écoute aussi attentive, une réceptivité aussi aigüe, une curiosité aussi insatiable que durant notre festival. Et le OFF a exacerbé cette impression déjà bien présente au Next et au Chapiteau. Les plus grands frissons des 10 jours, je les ai vécu dans ces caveaux d’habitude si bruyants et si avinés, qui cette année ont été à certains instants le théâtre d’un extraordinaire respect mutuel entre artistes et audience, nous permettant de vous proposer un jazz pointu et exigeant dans des conditions à la base réputées comme difficile.  C’est un constat splendide, et ça nous donne juste envie de faire encore mieux, de toutes nos forces, pour que 2011 soit dans cette continuité.

Merci à toute l’équipe qui a animé ce blog, merci à vous d’avoir supporté mes tartines, merci à vous d’être venus et de vous avoir donné la peine d’apprécier notre festival. Il en vaut la peine, nom de bleu !

Posté par Bureau
lundi 19 avril 2010
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