Samedi 14h00

Partager

28 Bougies ! On les a soufflé hier soir, très officiellement au Lounge à 18h. Mais c’était pas très intéressant, à part pour les flûtes au beurre d’une qualité incomparable. Beaucoup plus intéressant par contre, le premier concert du festival IN au Next Step, où Dog Almond a verni, d’une épaisse couche de groove, leur nouvel album. Début rebondissant s’il en est, j’avais crainte d’un duo maigrichon et pétri de retors électro peu digestes à l’apéro, j’ai été servi par 5 magnifiques musiciens qui ont envoyé du bois sévère. Timing oblige, je me restreins tel un photographe aux trois premiers morceaux avant de passer mon chemin. Le reste sera pour l’album, dommage.

Une heure plus tard, c’est ce nouveau chapiteau qu’il est beau qu’on inaugure fébriles, honneur à Hildegard lernt fliegen, dont je me demandais bien comment le leader, Andreas Schaerer, allait s’en sortir dans notre langue de Molière… Sur le cul, pour en utiliser les perles ! Les maigres 50 minutes à disposition leur suffisent pour se lancer avec autant de franchise et de sourires dans leur style comédie-musicale Tim Burton qu’ils ne l’avaient fait quand on a été les voir à Berne pour le lancement de leur album, et même si ça a été un peu court, on peut parler d’un joli régal. Et les échos que j’ai eu l’occasion d’entendre par-ci par-là post-concert me l’ont confirmé.

(notez que Didier a probablement le mieux réussi à rendre cette ambiance assez magique qui règne dans ce nouveau chapiteau en prenant la première photo ci-dessus, avant le concert !)

Deuxième chapitre, qu’on attendait ferme. 6 mois que j’écoute ses CDs l’eau à la bouche, 24 heures qu’on buvait des verres avec le groupe dans le Bourg: forcément que mon approche de la prestation d’Aaron Parks s’en trouvait légèrement faussée ! Me revoilà en train de faire du Tai Chi pour mes oreilles, et d’utiliser cette formule trio comme une espèce de méditation contemplative: connaissant compositions et possédant clés d’écoutes, je me plonge dans la décortication du moindre son et du plus insignifiant détail, je nage dans l’instant et dans l’interprétation. Je passe en backstage pour sentir l’électricité qui passe entre les trois acteurs, je me délecte des moyens de communication implicite qu’offre l’improvisation à ce niveau. Et patatras, le chapiteau en profite pour nous présenter aussi ses nouveaux défauts: la bise le fait claquer comme un fameux trois-mâts, et le congrès de petits cons de moins de 16 ans qui se tient au même moment à quelques mètres en-dehors semble prendre part à l’alchimie scénique. Difficile de se concentrer, je m’accroche comme je peux. Ca sera d’ailleurs nettement plus simple quelques heures plus tard, dans le cocon des Vignerons, quand les trois reprendront leur propos musical compulsif là où ils l’avaient laissé lorsqu’ils ont du quitter les planches du chapiteau, pour une jam à 105 dB de 40 minutes supplémentaires !

Allez, time out, un petit tour au OFF. Je fonce au Sweet Basile, parce que je sais qu’il s’y trouve probablement les meilleurs musiciens qu’on aie eu dans un caveau: Tobias Preisig y joue avec ses compères, devant une centaine de privilégiés qui sont littéralement scotchés à leurs chaises ou collés contre le mur du fond. Yeux fermés et tête en arrière, mouvements saccadés du bassin, c’est pulsionnel et jubilatoire. Rhumba chaloupée heureuse et cadencée en gémissant, un sourire béat aux lèvres, joie de partager dans l’intimité et la proximité. Ô merveilles du OFF, des badauds satisfaits qui en oublient leurs bières et qui laissent réchauffer leurs coups de blancs, et qui diront demain à qui voudra les croire qu’ils ont vu un type incroyable hier soir à Cully, un violoniste de Zürich encore tout jeune mais qui faisait une musique superbe, tiens regarde j’ai même acheté le CD et j’ai discuté 10 minutes avec lui !

Retour au chapiteau, dernière étape de la soirée. Tous ces petits jeunes géniaux ne lui auront pas été favorable, tant pis pour lui. Charlie Haden est là, sur son piédestal de fond de scène, du haut de sa sagesse sexagénaire. Désolé monsieur, ça ne passe pas. Ce jazz avec cinq couches de poussière dessus, toute légende que vous êtes, ça ne va pas ce soir. Râler pour la lumière qui vous plonge sur le crâne, s’interrompre pour un couac avec le piano, pas envie et plus la patience. Je quitte les toiles noires avec cette dernière image en tête, celle d’un backliner assis sur une caisse de matos, le menton appuyé sur sa main, attendant que ça passe.

Posté par Bureau
samedi 10 avril 2010
Catégories
Clic-Clac

Comments are closed.