So Switzerland, debleu

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La Suisse est un petit pays avec (parfois) de grands artistes. Fort de ce constat affligeant de banalité (tant la nationalité n’entre pas dans les critères permettant de reconnaître un bon musicien d’un mauvais musicien), nous nous attarderons aujourd’hui sur deux artistes/formations ayant eu le bon goût de voir le jour en terre helvétique, et méritant de ce fait notre admiration condescendante. Considérer la nationalité (Suisse ou autre) comme une tare méritant de la sorte notre respect est une erreur probablement aussi importante que de la placer sur un piédestal pour valoriser le travail artistique, se rendant ainsi sourd à ce qui est proposé.

Trop souvent, cette donnée géographique est utilisée comme argument de vente («Ils sont talentueux, mais surtout, ils viennent de Suisse et méritent d’autant plus qu’on les applaudissent pour cet exploit incommensurable! »). Oui, on peut être un excellent musicien, oui on peut être Suisse, et non, le lien entre ces deux états n’est pas plus logique que le fait que les guitaristes qui aiment le vert préfèrent prendre le train plutôt que l’avion.

De ce fait, la réunion fortuite de Dog Almond et d’Olivia Pedroli dans un même article apparaît comme une grossière hypocrisie commerciale, que l’on pratique ouvertement ici ou ailleurs sans vergogne. Que le lecteur se rassure, s’ils sont conjointement présentés, c’est bien pour leur origine commune, trahissant une fierté confinant au chauvinisme et un manque de ligne directrice plus marquant dans le programme éditorial.
Mais peut-être est-ce quand même plus que cela ? Nous verrons peut-être pourquoi par la suite.

Olivia Pedroli (Lole) Iceland Project and guests (Mercredi 14 avril, Next Step)
Olivia Pedroli

Du haut de ses 28 ans, la jeune chanteuse neuchâteloise pratique la musique depuis l’âge de 5 ans et ne semble pas vouloir s’arrêter en si bon chemin. Avec un certificat de violoniste du Conservatoire, elle se met à la guitare pour composer des chansons folk, pop, jazz comme les aiment les filles de vingt ans, en anglais, et elle produit son premier album avec le talentueux Simon Gerber (bassiste-guitariste biennois dont les collaborations se comptent sur les doigts des mains de tous les habitants de Bienne réunis, actuellement bassiste pour une non-moins connue Sophie Hunger).

Le succès de ce premier opus ne manqua pas d’engendrer la création d’une suite dans cet univers pop-folk très doux, sous la forme d’une galette intitulée «Sugar and Dry», sortie en 2007. Des concerts à foison, surtout dans le coin, chez les grands et les petits (nos amis de la Cité, du Paléo, du Caprices et de Festi’Neuch, mais également du Moods et du Bee-Flat), après deux passages à Cully (au OFF, puis au IN en ouverture de Marianne Faithfull en 2007) ont pu l’établir comme une valeur sûre de la scène romande, tant pour la qualité de ses compositions que la légèreté de sa voix.

Puis, tout d’un coup, la disparition au milieu de l’an 2009. Plus de concert, plus d’interview, plus de média, Lole s’en est enfuite dans le froid. L’Islande est ses merveilles (Björk, Sigur Rós, Múm, Emilíana Torrini et Amiina par exemple) a su la captiver, et de son voyage, de sa rencontre avec le musicien-producteur Valgeir Sigurðsson et de son expérience, elle nous revient transcendée. Sa voix s’est élevée au-delà du simple souffle d’air dans des cordes vocales, elle est un instrument, un splendide frisson. Ses compositions sont teintées de la mélancolie inévitable d’une île esseulée dans l’Atlantique Nord, et c’est une nouvelle Lole que l’on croise, à présent, Olivia Pedroli.

Malheureusement là, il faudra me croire sur parole, rien de rien n’existe encore de publique, sur la Toile ou ailleurs. Ces paroles en l’air peuvent être agrémentées d’un ancien enregistrement télévisuel aux effets intrigants, mais rien ne concernant directement cette formidable évolution dans le style de la chanteuse.

Tout ceci est à découvrir au Next Step le mercredi 14 avril, en création, en avant-première, avant le disque prévu pour cet automne, avec des Islandais et des Suisses.
Allez-y écouter: http://www.myspace.com/olivia-pedroli
Et pour plus d’info: http://www.oliviapedroli.com/index.htm
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Dog Almond (Vendredi 9 avril, Next Step)

(La photo particulière qui aurait pu orner cet article vous sera épargnée. N’hésitez pas à nous remercier après avoir cherché sur le web la fourre de leur prochain album)

«« In Dog we trust », le nouvel album de Dog Almond, sera inauguré à Cully! Dog Almond, on y croit : un trio romand, fortement déjanté sans tomber dans les tréfonds de la folie, qui se plaît à définir sa musique comme « une messe épicurienne, où folk, pop et songwriting côtoient les tréfonds de l’électro, du jazz et du hip-hop ». Ce résultat hybride et pouvant sembler saugrenu provient d’une rencontre entre un guitariste au timbre de crooner et d’un batteur, défini comme « magicien-bidouilleur » en électronique. (…) Un peu pop, un peu soul, un peu jazz, un peu blues mais surtout très poétique, les faiseurs de contes de Dog Almond sauront déployer leurs meilleurs atours pour vous surprendre et vous charmer. »

Certes, certes. Un nouvel album de gaillards d’ici qui savent ce qu’il font. Franco Casagrande et Christophe Calpini sont d’ailleurs assez connus dans le coin, avec leurs groupes « Casagrande » et « Stade », le second n’étant jamais omis lorsqu’il s’agit de parler Ninja Tune, puisqu’ils y ont fait un passage. Des pro de l’électronique donc, et du chant, également.

Dog Almond, c’est donc indescriptible, inimitable, impayable, formidable, introuvable, injetable, inorganique, inrayable, et fatalement indéfinissable:

Tout ceci est à vernir le premier vendredi du festival, le 9 avril donc, également au Next Step, en pensant au vernissage du prochain Malcolm Braff (au caveau des Vignerons) et de Nya (au HBBC).

Allez-y écouter: http://www.myspace.com/dogalmond
Et pour plus d’info: http://www.facebook.com/pages/Dog-Almond/122846410392
Convaincu ? Achetez les billets ici!

Constat final ? Oui, ils sont Suisses, oui, on est fier, comme lorsque l’ON marque un but ou ON fait une médaille aux JO. Mais non, on est fier de les présenter à Cully, car avant tout, ils sont exceptionnels et méritent toute notre attention musicale plutôt que nos vieux relents de patriotisme.

Posté par Bureau
mardi 16 mars 2010
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Blabla

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