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Laissez-vous berner

Allez, assez de géographie africaine pour le moment. Revenons un peu plus près, et expatrions-nous dans notre propre pays. La Suisse allemande, vous le savez, c’est un de nos principaux fils rouges pour l’année. Pour de multiples raisons qu’il serait long (et inutile) d’énumérer ici, on a décidé de se tourner un peu plus vers nos compatriotes germanophones, et d’aller voir ce qu’ils ont à raconter quand il s’agit de faire de la musique.
On vous a déjà proposé une petite escapade à Zürich, aujourd’hui on va s’arrêter en chemin et découvrir deux formations qui sortent de la ville fédérale. Une halte que le Swiss Métro aurait probablement négligé. Pas nous!

Il n’est jamais inutile de le rappeler: Berne serait encore vaudoise, si le Major Davel n’avait pas coupé la tête de Ulrich Zwingli sur la prairie du Grütli. Il est donc légitime de justifier notre attirance pour la capitale, en s’appuyant sur ce fait historique indiscutable. Dotée d’une école de jazz passablement dynamique, la ville offre à ses étudiants de multiples occasions de se produire en public, sur de nombreuses scènes plus ou moins ouvertes et plus ou moins réputées. Mais les petits jeunes, on aura l’occasion d’en reparler. Aujourd’hui, coup de projecteur sur deux groupes qui réunissent un choix splendide de musiciens bernois aguerris, diplômés ou enseignants à la haute école de jazz.

Hildegard lernt fliegen (vendredi 9, chapiteau)

Hildegard lernt fliegen

Le nom de cette formation a de quoi faire retourner un germanophobe chez sa mère, et pourtant c’est en ouverture du festival qu’on vous propose cette clique délirante menée par le fascinant vocaliste Andreas Schaerer. Pour ceux qui auraient assisté ou entendu parlé de notre conférence de presse du 19 janvier passé, il y était présent en chair et en chapeau pour égayer le blabla rébarbatif d’une petite impro beat-box scat. Un peu comme ça:

Sauf que chez nous, les enceintes ont pété au premier coup de basse qu’il a donné dans le micro, la suite étant donc logiquement plus difficile à suivre. Peu importe. La sono du chapiteau devrait tenir le coup, et la fête devrait être aussi belle que lors du vernissage du nouvel album du groupe, en janvier au milieu de la capitale. C’était gentiment l’émeute, un peu comme un nouveau cd-release des Young Gods au Fri-Son ou bien un nouveau projet des frères Wicky au Romandie, toutes proportions gardées.

Hildegard lernt fliegen en live

Sorte de supernova du jazz bernois, ce sextet réunit autour d’Andreas joue dans la catégorie « inclassable », et, logique pour des musiciens de ce niveau, s’arrête peu à un genre. Le clip-bien-réalisé-bien-léché ressemble à ça:

On pense un peu aux musiques des films de Tim Burton, on évolue dans un univers ultra-visuel et délicieusement vintage. Le costard cravate est de rigueur sur scène, mais dans les regards et dans les improvisations, tout est affaire de déconne, de surprises et de synergie de groupe.
Vous avez compris la chanson: pour une ouverture de festival, Hildegard lernt fliegen devrait magnifiquement faire l’affaire, et vous scotcher un sourire jusqu’aux oreilles pour les 10 jours qui suivront.

Allez-y écouter: http://www.myspace.com/hildegardlerntfliegen
Et pour plus d’infos: http://www.hildegardlerntfliegen.ch/
Convaincu ? Achetez les billets ici !
Sprechen Sie Deutsch ? Mais si rappelez-vous ! C’est pas si compliqué, et les bernois parlent même plus lentement que la famille Schaudi. Un bon reportage de la DRS2 à écouter ici: http://www.youtube.com/watch?v=z6dSCA5NCvM

Der Wawawa (mercredi 14, caveau Schlagzeug)

En parlant de supernova (phénomène conséquent à l’explosion d’une école de jazz, qui s’accompagne d’une augmentation brève mais fantastiquement grande de sa créativité, nous dit Wikipédia), voici un exemple parmi d’autres du fourmillement de groupes et de projets qui se développent dans les caves de notre capitale: Marco Müller, le très prolifique bassiste du groupe sus-mentionné, décide de lancer son propre trio et de laisser sortir les idées qui lui tapent dans la tête pour s’en échapper. Encore un nom impossible, avec déterminant s’il vous plaît, et encore du bonheur à plein tube qu’il ne nous reste qu’à ramasser au vol. Der Wawawa, c’est trois excellents jazzmen qui misent tout sur le plaisir et sur l’instant, et qui laissent libre court à leurs envies respectives sans se fixer de (rösti) graben.

Libre ? Oui, c’est free, mais pas seulement, et ça sonne assez sec puisqu’entre une contrebasse, un saxo et une (belle) batterie, peu ou pas d’harmonique pour asseoir correctement tout ça. Il faut plutôt s’imaginer quelque chose de sautillant, sur ressort, dans un équilibre toujours encore précaire. Ça fait du sens ! Sclavis et ses deux potes nous avaient déjà prouvé ça mieux qu’en paroles, on retrouve un peu le même amour du risque chez ces trois larrons.
Petite virgule musicale:

À l’écoute du CD, on se dit que ce qu’il faudrait à ces mecs là, c’est une opportunité pour dérouler leurs idées sur une soirée entière, sans stress et sans crispation, au feeling. C’est exactement ce qu’on leur propose: ils joueront au Schlagzeug, au milieu du village, au milieu de la semaine. Une combine à découvrir absolument ! Et de toute façon, si aucun de mes arguments ne vous aurait convaincu, il me suffit de copier-coller la photo de presse ainsi la fin du texte « officiel » de la description du groupe, écrit par eux-même.

Der Wawawa

Ce n’était pas notre intention qu’une jeune fille dise, après un concert, qu’elle ne pourrait plus jamais écouter autre chose que Der Wawawa, mais ce sont des choses qui arrivent, même dans des clubs de jazz.

Allez-y écouter: http://www.myspace.com/derwawawa
Et pour plus d’infos: http://derwawawa.com/
Convaincu ? Hé ben passez seulement, c’est ouvert…

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