Ein Ausflug nach Willisau, épisode 2

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Bon, alors tout d’abord, veuillez pardonner mon égoïsme détestable. Le remords m’a rongé depuis que j’ai publié le post précédent, mais comme les ordinateurs sont rares en suisse centrale, je ne répare ma méprise que maintenant:

Le site du festival c’est www.jazzwillisau.ch
Les billets coûtent 55.- par jour, prix unique.
Il en reste un paquet pour ce soir, demain et après-demain, donc osez le déplacement. Il y a de magnifiques choses à voir, et si vous avez peur de l’inconnu, pas trop de soucis: Elina Duni sera là avec Colin ce soir, demain Vera Kappeler et John Scofield ainsi que plein de groupes avec Lionel Friedli aux fûts, dimanche après-midi, entre autres, Marc Ribot. On est en famille. Et le public regorge de welsches, aussi.
Et si d’aventure vous êtes près de vos sous, il y a aussi des concerts quotidiens gratuits sous une jolie tente. On est d’accord c’est pas la tripotée de caveaux du Bourg, mais pour la curiosité ça le vaut vraiment.
Bon, il faut le dire tout de suite, le seul blanc buvable du festival est à 7.- le décilitre. Mais en général on vient rarement en suisse-allemande pour boire du vin.

Allez, le topo d’hier:
Placé sous la double-thématique « Beatles & Dada », ce jeudi avait tout pour m’exciter. J’ai été à moitié pas déçu.

Déjà, le quartette d’un bon gars du pays, John Wolf Brennan, a été augmenté pour l’occasion d’un percussionniste et d’une vocaliste histoire de créer un joyeux bordel nommé « Platz Dada ! »
Dada ? DADA NE SIGNIFIE RIEN, nous disait Tzara en 1918, avec force majuscules et humour dans la plume. Allez, pour nonante minutes la scène de Willisau se translate à quelques encablures de là, dans le Niederdorf zürichois, et s’appelle « Cabaret Voltaire ». On est en pleine Grande Guerre, ça meurt pas mal dans les tranchées, et sur scène, on crie à l’ironie, à la tabula rasa et au fou-rire nerveux.
Ils ont tout compris ! Un mélange acide de poèmes récités, scandés de manière assez virtuose et une mise en musique qui tient plus de la structure simple et sautillante que d’une recherche profonde de la mélodie, on est emporté dans l’ivresse provocatrice d’un terrain ludique où les instruments servent de réplique aux voix, et où on s’amuse à surprendre l’autre en levant le nez de sa partition plus que de rigueur.
Arp et Schwitters sont là pour les textes, et la musique pourrait parfaitement suivre un tableau de Picabia, de Ball ou un ready-made déglingué du vieux Marcel. En bref, un exercice de style exécuté à la perfection, un hommage fou à une époque folle, une création subversive qui est une réussite totale. On se joue de tout et l’attitude est irréprochable, tant dans le phrasé musical que dans la gestuelle scénique. Il y a de la danse, il y a du théâtre, du cadavre exquis, de l’écriture automatique… stop ! On est déjà chez les surréalistes.

Deuxième partie, deuxième création, ici aussi en hommage à un groupe qui a marqué la vie artistique du siècle précédent: le pianiste anglois Mike Westbrook ramène sa clique pour rendre un hommage à « Abbey Road » des quatre garçons dans le vent, c’était alléchant.
Quel massacre.
Mais pourquoi ? Quel sens de faire ça ? Ça commence mal avec un « Come together » gâché, cette hymne intemporelle du Caveau des Vignerons mise à mal et bâclée par un son capricieux et une formation qui démarre beaucoup trop fort. Aucune recherche dans la reprise du thème, rien d’intéressant au niveau des arrangements, réarrangements, digressions et déroulements mélodiques. Juste de mauvaises reprises avec un style qui oscille entre piano-bar rébarbatif et karaoké bourré chez des amis mondains. La basse est assurée par un tuba tonitruant, cette particularité qui sied si bien à Erika Stücki ou probablement à la guggenmusik de Willisau, mais qui ne remplit en tout cas pas son office pour rendre le son claquant de Sir McCartney, crucial pour la pêche beatlesque et dont je suis particulièrement friand.
Les vocaux sont poussivement égosillés par un jeune premier qui a tout du Jack Black de la mauvaise heure, en short et cheveux longs (reproche singulier pour un groupe de reprises des Beatles, d’ailleurs) qui semble ignorer le mot « nuance », et par la dame du pianiste qui aurait peut-être un peu de succès sous le sapin devant la famille à Noël et qui sert tout juste à tenir une (fausse) note en chorus ou avec son saxhorn sur lequel elle joue… avec des gants.
Allez, gardons ce joli solo de clarinette vaguement inspiré par la structure de Here comes the sun, et filons prendre le train.

Posté par Bureau
vendredi 28 août 2009
Catégories
Blabla

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