Ein Ausflug nach Willisau, épisode 1

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Des vaches partout à la place des vignes. Quand on arrive en train, on ne voit que ça, et du bois, la région produit et exporte du bois. Mais bon, j’ai pas pour autant bu du lait toute la soirée. Le carburant local s’appelle Eichhof, et leur chapiteau est en dur. Sur la scène pas de « Bonsooooir » chaleureux, mais un jovial « Salü zämä ! ».
Sinon… On y est, les dimensions collent à peu près, la scène, l’ambiance. Et surtout la programmation, et c’est pour ça qu’on est là: le festival de jazz de Willisau a la réputation d’être le pendant suisse-allemand de Cully, vérifions.

La première soirée était déclinée sous le signe de l’Afrique, et c’était joliment travaillé. Une immense formation « All Stars » ouvre les feux, déroulant son set sous une formule effectivement très all-stars: des structures simples sur lesquelles les différents éléments y vont chacun leur tour de leurs petits soli et improvisations, plus ou moins inspirés, plus ou moins accordés, aussi.
C’est soleil, spontanéité, vieux potes, éclats de rire sur scène, c’est tout ça. C’est aussi cette remarque lâchée entre deux morceaux: « La dernière fois que cette composition à été jouée à Willisau, c’était en 1983 ». Ça calme !
Il faut dire que le festival est plutôt le grand frère du jeune éphèbe Cully: pour sa 43ème édition, on peut seulement parler de festival qui a su rester petit…

Mais revenons en Afrique: la deuxième partie de la soirée a été confiée à un quatuor, celui du saxo sud-africain Zim Ngqwana, qui dédie sans attendre l’intégralité du set à un vieux frère décédé une paire de semaines plus tôt.
Et autant le all-star a tapé dans le joyeux mélodique, autant ici c’est plutôt du brutal qu’on nous sert. En matière de free-jazz, c’est quand même pas mal assez free. Ça commence par un bon solo de batterie bien déstructuré, on se dit que ça va se calmer, ils continuent à 2, plus fort, on se dit qu’ils vont arrêter, ils s’y mettent les 4, sans prise de souffle, pendant plus d’une heure. Seigneur. Des petits bouts éparpillés partout, façon puzzle. Et c’est là que le terme de « boucherie » prend tout son sens en fait: une manière de traiter la répétition du motif qui tient du sadisme, une rage de jouer qui leur fait malaxer la matière musicale au hachoir, tout tailler menu pour servir une bonne potée qui tient plus au ventre que la bratwurst d’avant les concerts. Un truc de gaga qui t’retourne l’estomac, comme disaient mes vieux potes. Et quand Zim s’offre une impro au piccolo histoire de, un certain nombre (pour ne pas dire un nombre certain) de personnes quitte la salle, leurs vestes sous le bras.
Histoire de calmer les tympans et de faire diminuer la moyenne horaire des décibels, le bassiste s’avance pour attaquer un monologue dédié au vieux frère sus-mentionné, qui nous plonge tout droit dans les bas-fond de Chicago, à cette époque où les bulles de musiques explosaient à tous les coins de rue et où il était impossible d’aller acheter son pain sans se taper un boeuf de 3 heures. Je fonce prendre mon train, c’est que c’est pas tout près cette histoire, et Carine termine le concert sur l’autoroute grâce à DRS2 (qui diffuse tout en direct, si jamais).

Noch viel Spass vorne !

Posté par Bureau
jeudi 27 août 2009
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