Quand le jazz croise le fer avec le classique

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Thierry Lang avait exploré le registre folk. Hier soir au chapiteau, c’était au tour de Ligeti et Mozart d’être joué et honoré par des jazzmen!Notre colossal Malcolm avait décidé de s’en prendre au compositeur contemporain décédé l’année dernière. Suite à des toussotements administratifs, il s’est astreint à repartir de zéro pour réécrire la moindre note à la manière Ligeti. Quelle réussite ! Et quelle admirable correspondance entre l’oeuvre du maître et le jeu percutant et rythmé du pianiste veveysan ! Ces deux artistes étaient manifestement faits pour se rencontrer, et c’est le même esprit inventif et déjanté qui a animé la petite quinzaine de musiciens sur scène: une expression pure en dépit des canons esthétiques, ou s’en remettre au hasard pour construire une structure hétéroclite et tendue. Mais le moment le plus émouvant du concert a probablement été son terme, lorsque l’ensemble des artistes se sont applaudis mutuellement, des sourires sincères et presque hébétés sur la figure, étonnés eux-même de l’intensité de la prestation achevée.

Et puis, la fureur de Uri Caine. La confrontation directe avec Mozart, sa bataille endiablée. Tantôt en partant d’un thème pour le déconstruire avec joie, tantôt le laissant émerger d’une bordée d’improvisations chaotiques. Le look décalé des musiciens, leur talent hors-pair, les piles de partitions tournées à un rythme terrifiant par le pianiste de génie. La flûte enchantée prend des dimensions frénétiques, le 18ème siècle se fait drum’n’bass. C’est permis, c’est rigolo. Et c’est splendide.

Le troisième épisode se fera comme un retour au calme, un voyage zen dans la recherche rythmique et l’ascèse artistique. Nik Bärtsch et ses quatre musiciens font circuler un fluide sur scène, une aura qui les relie entre eux et qui les plonge dans une méditation fascinante, qui les mène à une recherche de sens dans la répétition. Un spectacle à voir, car une attention particulière a été donnée aux lumières: un régal visuel, un long cheminement du bleu au rouge clairsemé d’éclats ponctuels. Un show total, un chemin intérieur dont on a aucune envie de sortir.

Posté par Bureau
samedi 31 mars 2007
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